Les traités de Westphalie (1648)

La guerre de Trente Ans déchire l'Europe : elle commence comme un conflit religieux interne au Saint Empire, puis s'internationalise rapidement. Des États protestants comme le Danemark et la Suède s'opposent à l'Espagne qui soutient les catholiques.

Trois traités signés en 1648 mettent fin à cette guerre. L'objectif ? Créer un équilibre des puissances qui permette la paix en Europe et écarter la religion des négociations politiques.

Le système westphalien naît de ces accords : chaque État respecte la souveraineté des autres et s'interdit d'intervenir dans leurs affaires internes. C'est révolutionnaire pour l'époque !

💡 Bon à savoir : Ce principe de non-ingérence guide encore aujourd'hui les relations internationales.

Le système westphalien : forces et faiblesses

Le système westphalien repose sur un équilibre des puissances établi par des traités entre États souverains. Cette "recette" pour la paix perdure aux XIXe et XXe siècles, même quand l'équilibre se rompt parfois.

Exemple parfait : après les guerres napoléoniennes, l'Europe revient à ce système avec le congrès de Vienne en 1815. Mais le problème ? Ce système ne fonctionne que si toutes les puissances le respectent.

La réalité le prouve : guerre franco-prussienne (1870-1871), Première Guerre mondiale (1914-1918), Seconde Guerre mondiale (1939-1945). À chaque fois, une puissance rompt l'équilibre.

Face à ces échecs répétés, une nouvelle approche émerge en 1945 : l'ONU et le principe de sécurité collective. Plus question de laisser les États agir seuls !

L'ONU : une nouvelle approche de la paix

L'Organisation des Nations Unies, créée en 1945, révolutionne l'approche de la paix. Son principe ? Agir collectivement pour prévenir les conflits et réprimer toute agression.

Au cœur du système, l'Assemblée générale réunit tous les chefs d'État membres pour les grandes décisions. Mais c'est le Conseil de sécurité qui décide vraiment des actions concrètes.

Le Conseil compte 5 membres permanents $USA, Russie, Chine, France, Royaume-Uni$ plus 10 membres élus pour 2 ans. Il peut prendre des sanctions ou envoyer les fameux Casques bleus pour maintenir la paix.

Le Secrétaire général représente l'ONU et négocie directement avec les parties en conflit. Les Casques bleus interviennent comme force d'interposition, apportent l'aide humanitaire et protègent les populations civiles.

💡 À retenir : Les Casques bleus sont fournis par les États membres volontaires, pas par l'ONU elle-même.

L'ONU pendant la Guerre froide

La Guerre froide (1947-1991) paralyse complètement l'ONU. Le monde se divise en deux blocs : l'Ouest dominé par les USA, l'Est par l'URSS.

Grâce à leur droit de veto, les deux superpuissances bloquent systématiquement le Conseil de sécurité. Résultat ? Très peu de missions de paix peuvent être mises en œuvre, malgré de nombreux conflits régionaux (Corée, Vietnam).

La chute de l'URSS en 1991 change la donne. Les États-Unis adoptent une posture plus multilatéraliste, permettant enfin à l'ONU de déployer massivement ses opérations de maintien de la paix.

Mais les années 1990 apportent aussi des échecs cuisants : Rwanda, Somalie, ex-Yougoslavie. Ces traumatismes marquent profondément l'organisation et questionnent son efficacité réelle.

💡 Important : Le multilatéralisme signifie agir avec d'autres États, contrairement à l'unilatéralisme (agir seul).

Kofi Annan et la réforme de l'ONU

Kofi Annan (1997-2006), originaire du Ghana, révolutionne l'approche onusienne après les échecs des années 1990. Il prône une ONU plus interventionniste avec des opérations multifonctionnelles : aide humanitaire, diplomatique, maintien et consolidation de la paix.

Sa grande innovation ? Le "droit d'ingérence humanitaire" : l'ONU doit intervenir dans un État si sa population est en danger, même sans l'accord du gouvernement local.

Annan veut aussi rééquilibrer le système international. Il propose de réformer le Conseil de sécurité pour donner plus de place aux États en développement et crée la Cour pénale internationale (CPI) en 1998 pour juger les crimes de guerre.

Bilan mitigé : succès au Timor oriental (indépendant en 2002), mais les grandes puissances résistent aux réformes du Conseil de sécurité. Quand l'ONU échoue, les États se tournent vers des organisations régionales comme l'OTAN.

💡 À savoir : La CPI peut juger les chefs d'État pour génocide et crimes de guerre.

Le Moyen-Orient : une zone de conflits permanents

Le Moyen-Orient (Israël, Palestine, Syrie, Liban, Jordanie, Arabie Saoudite, etc.) concentre tous les ingrédients des conflits modernes. Pourquoi cette région est-elle si instable ?

Premier facteur : une mosaïque de peuples (Turcs, Arabes, Kurdes, Juifs) aux religions diverses dans la même zone. Les trois religions monothéistes (christianisme, islam, judaïsme) se côtoient et parfois s'affrontent. La religion devient souvent un instrument géopolitique.

Deuxième facteur : les ressources convoitées. La région détient 60% des réserves mondiales de pétrole ! Cela crée des tensions entre États producteurs et non-producteurs, et avec l'Occident très consommateur. L'OPEP, créée en 1960, permet aux producteurs d'imposer leurs prix.

L'eau devient aussi une source de conflit majeure : contrôle des fleuves (Tigre, Euphrate), construction de barrages, réserves partagées entre Israël et Palestine.

💡 Chiffre clé : 60% des réserves mondiales de pétrole se trouvent au Moyen-Orient.

Les autres facteurs de conflit au Moyen-Orient

Troisième facteur déstabilisant : les frontières contestées. La création d'Israël en 1948 reste contestée par de nombreux États arabes. Ces frontières artificielles créent des États multiethniques difficiles à gouverner.

Quatrième facteur : l'absence de démocratie dans la plupart des pays. Les régimes autoritaires (Syrie, Arabie Saoudite) ne prennent pas en compte la diversité ethnique et religieuse, créant frustrations et tensions.

La géopolitique complique tout : pendant la Guerre froide, USA et URSS instrumentalisent la région. Les États-Unis soutiennent Israël, l'URSS la Syrie. Cette rivalité des superpuissances attise les conflits locaux.

Tous ces facteurs se combinent pour faire du Moyen-Orient une zone de conflits permanents où les tentatives de paix peinent à aboutir durablement.

💡 À retenir : Les frontières du Moyen-Orient, souvent artificielles, regroupent des peuples aux intérêts divergents.

La création d'Israël et le premier conflit (1948)

En 1948, l'ONU crée l'État d'Israël pour répondre aux revendications du mouvement sioniste. Depuis le XIXe siècle, Theodor Herzl défend l'idée d'un État juif pour protéger ce peuple de l'antisémitisme croissant.

Après la Seconde Guerre mondiale, l'ONU partage la Palestine entre un État juif et un État arabe. Problème : ni les Juifs ni les Palestiniens ne sont satisfaits de ce partage ! Jérusalem devient ville internationale.

David Ben Gourion devient le premier dirigeant d'Israël (1948-1963). Immédiatement, la première guerre israélo-arabe éclate : les États arabes attaquent le nouvel État qu'ils refusent de reconnaître.

Israël remporte cette guerre et étend même son territoire. Les Palestiniens fuient vers les États arabes voisins ou se regroupent dans la bande de Gaza. Mais le conflit ne fait que commencer : les États arabes persistent à ne pas reconnaître Israël.

💡 Définition : Le sionisme est le mouvement politique qui revendique un État pour le peuple juif.

Les guerres israélo-arabes : 1967 et 1973

La Guerre des Six Jours (juin 1967) marque une escalade majeure. L'Égypte, la Jordanie et la Syrie coordonnent leur attaque : blocus du golfe d'Aqaba, offensive dans le Sinaï. Israël riposte et conquiert de nouveaux territoires en six jours seulement.

La Guerre du Kippour (octobre 1973) voit les États arabes tenter une offensive surprise pour récupérer leurs territoires perdus. Malgré l'effet de surprise initial, Israël contre-attaque efficacement du 11 au 20 octobre.

Schéma récurrent : les États arabes attaquent, Israël se défend et gagne du terrain à chaque conflit. En 1973, Israël occupe le Sinaï, le Golan et d'autres territoires palestiniens.

Paradoxe tragique : chaque guerre renforce Israël militairement mais approfondit le conflit. Les territoires occupés deviennent un enjeu majeur qui complique toute solution pacifique future.

💡 Chronologie : 1948 (création d'Israël) → 1967 (Guerre des Six Jours) → 1973 (Guerre du Kippour).

L'émergence de l'OLP et la résistance palestinienne

Dans les années 1960, un nouvel acteur transforme le conflit : les Palestiniens eux-mêmes, peuple sans État et dispersé, décident de prendre leur destin en main.

L'OLP (Organisation de libération de la Palestine) adopte sa charte en 1968 sous la direction de Yasser Arafat. Son objectif radical : libérer toute la Palestine de l'État d'Israël, considéré comme une création impérialiste.

L'OLP change la nature du conflit : d'israélo-arabe (États contre État), il devient israélo-palestinien (État contre mouvement de libération). Les méthodes aussi évoluent : guérillas et attentats terroristes remplacent les guerres classiques.

Cette évolution complique énormément les tentatives de paix : comment négocier avec un mouvement qui nie l'existence même d'Israël ? Le conflit entre dans une phase plus complexe, où se mêlent revendications territoriales, nationales et religieuses.

💡 Évolution clé : Passage d'un conflit israélo-arabe à un conflit israélo-palestinien dans les années 1960.