Qu'est-ce que le Moyen-Orient ? Les bases à connaître

Tu as sûrement entendu parler du Moyen-Orient aux infos, mais d'où vient ce terme ? C'est en fait une invention européocentrée : les Britanniques ont créé l'expression "Moyen-Orient" au début du XXe siècle, tandis que les Français parlaient de "Proche-Orient".

Cette région rassemble une mosaïque de peuples : majoritairement des Arabes et des musulmans, mais aussi des Kurdes, des Turcs, des Iraniens, des chrétiens et des juifs. Jusqu'en 1918, deux grands empires dominaient la zone : l'Empire Ottoman et l'Empire Perse.

💡 Bon à savoir : Après la Première Guerre mondiale, la France et la Grande-Bretagne se sont partagé l'administration de cette région, créant les frontières actuelles souvent sources de conflits.

Depuis 1948 et la création d'Israël, cette région est devenue un foyer permanent de tensions où se mélangent rivalités religieuses, ethniques et géopolitiques.

Les facteurs qui alimentent les conflits

La diversité religieuse crée des équilibres fragiles dans certains pays. Au Liban, chrétiens, musulmans et palestiniens cohabitent dans un système confessionnel où chaque communauté est représentée. En Israël, 6 millions de juifs vivent avec 2 millions de palestiniens musulmans, mais ces derniers ne participent pas au gouvernement.

Le "vide de puissance" explique beaucoup d'instabilités. Depuis la chute de l'Empire Ottoman en 1920, aucune puissance régionale unificatrice n'a émergé. La région est devenue un terrain d'affrontement entre les superpuissances pendant la Guerre froide.

💡 À retenir : Seuls l'Iran et la Turquie échappent vraiment à ce vide de puissance aujourd'hui.

Les ressources pétrolières sont à la fois une richesse et une malédiction. Le Moyen-Orient détient 60% des réserves mondiales de pétrole et 40% de celles de gaz. Mais cette dépendance aux hydrocarbures crée le "syndrome hollandais" : quand un pays ne diversifie pas son économie et reste trop dépendant d'une seule ressource.

La naissance d'Israël et les premiers conflits

L'histoire commence à la fin du XIXe siècle avec l'immigration juive en Palestine à cause de l'antisémitisme européen. Théodore Herzl crée le mouvement sioniste après l'affaire Dreyfus, réclamant un État juif en Palestine.

En 1917, la déclaration Balfour autorise officiellement la création d'un "foyer national juif" en Palestine sous mandat britannique. Entre les deux guerres, les juifs passent de 10 à 30% de la population, développant l'économie et créant des communautés agricoles.

Le 14 mai 1948, David Ben Gourion proclame l'État d'Israël, un jour après la fin du mandat britannique. L'ONU avait proposé un plan de partage en 1947, mais les pays arabes voisins attaquent immédiatement le nouvel État.

💡 Conséquence majeure : Cette première guerre provoque l'exode de 700 000 palestiniens qui deviennent réfugiés, créant un problème qui perdure encore aujourd'hui.

Les grandes guerres israélo-arabes

La crise de Suez (1956) éclate quand l'Égypte nationalise le canal. La France, la Grande-Bretagne et Israël s'allient contre l'Égypte, mais les États-Unis et l'URSS les forcent à se retirer. C'est la première intervention des casques bleus de l'ONU.

La guerre des Six Jours (1967) change la donne : en six jours seulement, Israël conquiert la Cisjordanie, Gaza, le Golan et le Sinaï. Ces territoires lui donnent le contrôle de l'eau, permettent l'implantation de colonies juives et servent de monnaie d'échange.

La guerre de Kippour (1973) voit l'Égypte et la Syrie attaquer Israël pendant une fête religieuse pour récupérer leurs territoires. Bien qu'Israël gagne encore, l'OPEP augmente le prix du pétrole en représailles, provoquant une crise économique mondiale et la fin des Trente Glorieuses.

💡 Tournant historique : Les accords de Camp David (1978) marquent la première paix entre Israël et un pays arabe (l'Égypte), mais l'Égypte est exclue de la Ligue arabe en conséquence.

Du conflit israélo-arabe au conflit israélo-palestinien

Les années 1980 voient naître l'Intifada, la "guerre des pierres" : des jeunes palestiniens lancent des pierres aux soldats israéliens, créant une guerre asymétrique très médiatisée.

L'espoir renaît dans les années 1990 avec la fin de la Guerre froide. Les accords d'Oslo (1993-1995) organisent une poignée de main historique entre Yasser Arafat et Yitzhak Rabin, prévoyant trois zones de contrôle différentes pour créer un État palestinien.

Mais ces accords ne sont pas suivis d'effets : la Palestine n'est pas reconnue, Israël continue la colonisation en Cisjordanie et édifie un mur. Les radicaux palestiniens du Hamas prennent le contrôle de Gaza en 2007, écartant l'OLP plus modérée.

💡 À comprendre : L'OLP (créée en 1964) cherche à créer un État palestinien par la négociation, tandis que le Hamas (1987) est issu des Frères musulmans et privilégie la résistance armée.

La première guerre du Golfe (1991) : quand l'Amérique affirme sa puissance

L'Irak de Saddam Hussein est endetté après sa guerre contre l'Iran (1980-1988). Le Koweït refuse d'effacer ses dettes, alors l'Irak l'envahit en août 1990 pour résoudre ses problèmes financiers et contrôler 20% des réserves mondiales de pétrole.

Les États-Unis profitent du déclin de l'URSS pour affirmer leur leadership mondial. Saddam Hussein justifie son invasion au nom de l'unité arabe et dénonce les frontières imposées par l'Occident.

L'opération "Tempête du Désert" $janvier-février 1991$ rassemble 34 pays sous commandement américain. L'Irak, isolé et mal équipé, est rapidement battu. Cette victoire marque la fin de la Guerre froide et l'émergence d'un "nouvel ordre mondial" américain.

💡 Résolution imparfaite : Saddam Hussein reste au pouvoir et réprime violemment les soulèvements chiites et kurdes, car les vainqueurs craignent une déstabilisation régionale.

La seconde guerre du Golfe (2003) : vers le chaos

Depuis 1991, l'Irak freine le travail des inspecteurs internationaux chargés de vérifier la destruction de ses armes. George Bush classe l'Irak parmi les "États voyous" qui soutiennent le terrorisme et fabriquent des armes de destruction massive.

Malgré l'opposition de l'ONU, les États-Unis et leurs alliés envahissent l'Irak en 2003. En mai, l'armée irakienne est battue et Saddam Hussein chassé du pouvoir.

L'éviction de Saddam Hussein et la démobilisation de l'armée plongent le pays dans une guerre civile où s'affrontent chiites, sunnites et kurdes. L'Iran soutient les chiites, favorisant l'ingérence régionale.

💡 Conséquence dramatique : Après le retrait américain en 2011, l'État islamique s'implante en 2014 et proclame un califat, aggravant encore le djihadisme régional.

Un espace géopolitique complexe

Comme l'écrivait le général de Gaulle : "Vers l'Orient compliqué, je volais avec des idées simples". Cette citation résume parfaitement la complexité du Moyen-Orient, où les solutions simples n'existent pas.

Cette région forme un carrefour stratégique entre l'Europe, l'Afrique et l'Asie, s'étendant de la Turquie à l'Iran et du Caucase à la péninsule Arabique. L'Égypte complète cet ensemble géographique.

Le Moyen-Orient cumule tous les ingrédients de l'instabilité : richesses pétrolières convoitées, berceau des trois religions monothéistes, diversité ethnique et rivalités entre grandes puissances. Ces facteurs en font un espace de tensions permanentes où se cristallisent les enjeux géopolitiques mondiaux.

💡 L'essentiel : Le Moyen-Orient reste au cœur des rivalités internationales car les grandes puissances y cherchent constamment à imposer leur influence politique, économique et militaire.