Le patrimoine : enjeux géopolitiques et identitaires
Le patrimoine représente l'ensemble des biens considérés dignes d'intérêt, à conserver et à transmettre aux générations futures. Sa valeur peut être monétaire ou symbolique, ce qui en fait un enjeu politique et économique majeur.
La notion de patrimoine s'est considérablement élargie au fil du temps. D'abord simple transmission de biens familiaux à l'Antiquité et au Moyen Âge, le concept s'est nationalisé au 19ème siècle. La Révolution française marque un tournant avec la confiscation des biens de l'Église qui deviennent "nationaux". Les premières politiques de patrimonialisation apparaissent avec la création du British Museum (1753) ou l'inspection des monuments historiques (1830).
L'internationalisation du patrimoine s'accélère après la Seconde Guerre mondiale. La création de l'UNESCO en 1945, puis l'adoption de la Convention du patrimoine mondial en 1972, consacre l'idée d'un héritage commun de l'humanité. Le patrimoine s'enrichit progressivement pour inclure des éléments naturels, industriels, et depuis 2003, immatériels pratiques,savoir−faire.
À retenir ! La patrimonialisation est le processus par lequel un groupe social attribue à des traces du passé un statut emblématique qui traverse le temps et leur confère une valeur particulière.
Aujourd'hui, le patrimoine mondial de l'UNESCO comprend plus de 1120 sites dans 167 États (869 culturels, 39 mixtes, 213 naturels). La France compte 49 sites classés, témoignant de sa richesse patrimoniale. Cette labellisation prestigieuse attire en moyenne 30% de touristes supplémentaires, mais crée aussi des déséquilibres : 40% des sites sont en Europe, contre une sous-représentation de l'Afrique ou de l'Amérique du Sud.