Les accords Matignon : une révolution sociale en pleine crise
Imagine la scène : c'est la nuit du 8 juin 1936, et dans les salons de l'hôtel Matignon, l'histoire sociale française est en train de s'écrire. Léon Blum, tout juste nommé président du Conseil, négocie avec les patrons et les syndicats alors que des grèves massives paralysent le pays depuis mai.
Ces accords Matignon marquent une rupture totale avec le passé. Fini le temps où chaque ouvrier négociait individuellement son salaire ! L'article 1 des accords légalise les contrats collectifs de travail par branche, donnant enfin du pouvoir de négociation aux syndicats.
Les patrons doivent aussi accepter une hausse des salaires de 7 à 15% et respecter la liberté syndicale. Plus révolutionnaire encore, dans toute entreprise de plus de 10 ouvriers, des délégués du personnel peuvent désormais représenter les salariés face à la direction.
💡 Retiens ça : Ces accords transforment définitivement les relations sociales en France, passant d'une logique individuelle à une logique collective.
Quelques jours plus tard, deux lois historiques complètent cette révolution : les congés payés (deux semaines par an) le 20 juin, et la semaine de 40 heures le 21 juin 1936. Pour la première fois, les ouvriers français peuvent enfin partir en vacances !
La stratégie de Blum est claire : augmenter le pouvoir d'achat pour relancer la consommation et sortir de la crise. Mais cette politique divise profondément : les ouvriers jubilent tandis que la droite conservatrice et le patronat crient au désastre économique.