Les actes de langage et leur pouvoir
L'assimilation des paroles aux gestes, selon Merleau-Ponty, prouve que nous ne sommes pas entièrement les auteurs de nos paroles. Ces gestes sont des mouvements du corps appelés par la situation, plutôt que des décisions conscientes.
La littérature illustre parfaitement ce phénomène à travers le concept d'inspiration - ce moment où l'écrivain reçoit un "souffle" créatif qui semble venir d'ailleurs.
Théorie fondamentale : Austin, dans sa célèbre formule "Quand dire c'est faire", introduit le concept de performatif - des locutions dont le sens est de réaliser une action. Pour les performatifs, la parole n'est pas descriptive mais active.
Comparaison des types de paroles selon Austin:
- Paroles non performatives:
Disent quelque chose de quelque chose
Leur sens est de décrire, refléter
Relèvent de la connaissance
- Paroles performatives:
Se réfèrent à quelque chose pour le changer
Leur sens est d'agir, de modifier
Relèvent de l'action
John Searle pousse cette réflexion plus loin en découvrant que toutes les paroles possèdent des dimensions pragmatiques - elles sont toujours, d'une certaine façon, des actions. Les performatifs sont simplement des paroles dont le sens réside principalement dans l'aspect illocutoire.
Exemple pratique : Un acte locutoire, illocutoire et perlocutoire peut s'illustrer ainsi: en disant "Il fait froid" locutoire, je peux demander implicitement de fermer la fenêtre illocutoire, ce qui peut amener quelqu'un à se lever pour la fermer perlocutoire.
Nos paroles sont souvent influencées par des idéologies - structures de pensées et enchaînements de représentations qui viennent de notre être social et sont structurées par notre passé, comme l'explique Frantz-Fanon.
Habermas a découvert que nous pouvons prendre conscience de ces mécanismes et des constructions de concepts dont nous héritons. Ces constructions idéologiques produisent des discours auxquels les locuteurs adhèrent souvent sans recul critique.
Pour redevenir maîtres de nos paroles, la réflexion critique est essentielle:
- Discuter sincèrement avec les autres
- Se laisser interroger par autrui
- Examiner l'origine de nos propres discours
L'exemple de Medhi Meklat illustre cette question de responsabilité: en se justifiant que sa parole était "adaptée à l'époque", il reconnaît implicitement que sa parole était l'écho d'un discours existant plutôt qu'une création entièrement personnelle.