L'Insatiabilité du Désir
Le désir peut-il vraiment nous satisfaire durablement ? Si le désir est par nature insatiable, ne risque-t-il pas de nous conduire au malheur plutôt qu'au bonheur ?
La conception épicurienne du bonheur présente des limites. Si Épicure définit le bonheur comme l'absence de douleur physique (aponie) et morale (ataraxie), cette définition négative peut sembler insuffisante. Un état sans souffrance mais sans véritable intensité de plaisir n'est-il pas une satisfaction fade et incomplète ? Épicure répond que le plaisir intense est éphémère, tandis que la tranquillité est durable bien que moins intense – la durée excluant l'intensité, et inversement.
La critique principale adressée à Épicure est qu'il réduit trop le désir à des besoins biologiques, alors que le désir humain est bien plus complexe, lié à des aspirations plus profondes que la simple satisfaction des besoins.
⚠️ Le désir humain ne peut se réduire à la satisfaction des besoins biologiques – il touche à notre quête existentielle de sens et de plénitude.
Schopenhauer propose une vision bien plus sombre du désir. Pour lui, le désir est la source même du malheur. L'homme est condamné à rechercher sans fin une satisfaction impossible. Même satisfait, le désir reste insatiable – une fois un désir comblé, un autre naît, créant une insatisfaction perpétuelle. Le problème est fondamental : le désir précède la satisfaction, mais une fois comblé, il disparaît, emportant avec lui le bonheur qu'il procurait. Le bonheur ne peut exister sans désir, mais dès que le désir est satisfait, l'homme se retrouve face à un vide existentiel.
Selon Schopenhauer, le bonheur n'est pas réalisable dans la réalité, il reste un idéal de l'imagination. La réalisation du désir est toujours vécue comme un vide, car la réalité ne correspond jamais aux attentes idéalisées que nous avions formées.