Le bonheur : bien suprême mais insaisissable
Malgré sa nature fuyante, le bonheur reste pour Aristote le souverain bien - ce que nous désirons pour lui-même et non comme moyen pour autre chose. Contrairement à la richesse ou aux honneurs que nous recherchons pour leurs bénéfices, le bonheur constitue la fin ultime de toutes nos actions.
Paradoxalement, c'est aussi ce qui nous manque fondamentalement. Platon explique dans Le Banquet que le désir naît du manque : nous ne désirons que ce que nous n'avons pas. Même lorsque nous possédons un bien, nous désirons le conserver par peur de le perdre.
Pascal illustre brillamment cette insatisfaction perpétuelle : "Nous ne vivons jamais, mais nous espérons de vivre." Toujours tournés vers l'avenir, nous nous interdisons de goûter le bonheur présent. Cette tension permanente vers le futur maintient notre quête dans un perpétuel inachèvement.
💡 Les sagesses antiques proposaient des voies pratiques vers le bonheur, comme le "quadruple remède" d'Épicure : ne pas craindre les dieux ni la mort, limiter ses désirs et supporter les douleurs pour atteindre la tranquillité de l'âme (ataraxie).