Chapitre 1 : croissance économique

Légende alternative :

Les principaux facteurs de la croissance économique -> les principaux facteurs de la croissance économique sont le facteur travail, le facteur capital (infrastructure, bâtiment, machine), le progrès technique et les facteurs institutionnels (droits de propriété, brevets, institutions politiques). Le facteur travail est source de croissance car des actifs plus nombreux ou travaillant plus longtemps permettent de produire plus (quantitatif) et des travailleurs plus qualifiés et/ou en meilleure santé sont plus productifs (qualitatif). Le facteur capital est source de croissance car un nombre plus important de machines, de bâtiments, d'infrastructures permettent de produire plus (quantitatif) et des équipements incorporant le progrès technique permettent de produire plus. -> Une part de la croissance économique ne s'explique ni par l'augmentation du travail, ni par l'accumulation du capital mais par l'augmentation de la productivité globale des facteurs (PGF). La PGF augmente quand une entreprise ou un pays parvient à produire plus sans augmenter la quantité de travail et/ou de capital. C'est principalement le progrès technique (PT) qui explique l'augmentation de la PGF. -> la croissance est extensive quand la hausse de la production provient principalement d'une augmentation de la quantité des facteurs de production (travail et capital). La croissance est intensive quand la hausse de la production provient d'une augmentation de l'efficacité des facteurs de production ou de leur combinaison, autrement dit d'une hausse de la PGF (donc du PT). -> D'une part, le PT augmente l'efficacité des facteurs de production, c'est-à-dire augmente la productivité du travail et du capital (on est plus performant à moissonner un champ de blé avec une moissonneuse batteuse qu'avec une faux). D'autre part, le PT augmente l'efficacité de la combinaison productive. Prenons l'exemple de la division du travail étudié par Adam Smith. Si chaque ouvrier se spécialisait dans une seule opération de la production d'un produit, on produirait plus efficacement car les ouvriers répèteraient continuellement la même tâche, deviendraient plus habiles et développeraient des moyens de réaliser cette tâche plus vite avec le moindre effort et ils ne perdraient pas de temps à passer d'une tâche à une autre. III- Le PT endogène au cœur du CE -> Selon Aloïs Schumpeter, l'innovation est une nouvelle façon de combiner les facteurs de production. On distingue 3 formes d'innovation : L'innovation de produit = apparition d'un produit nouveau ou d'un produit déjà existant mais incorporant une nouveauté; L'innovation de procédé = apparition de nouvelles techniques de production (robots dans le monde de l'industrie) et/ou de vente (vente en ligne dans les années 1990); L'innovation organisationnelle = apparition d'une nouvelle organisation du travail (division du travail, taylorisme, fordisme). Selon Schumpeter, les innovations apparaissent par grappe car les entrepreneurs innovateurs sont imités par d'autres, ce qui contribue à diffuser largement l'innovation dans l'économie (vente en ligne, fordisme, etc.). Tous ces entrepreneurs investissent pour mettre en place l'innovation (chemin de fer), ce qui provoque une phase de CE. Cela correspond à des révolutions industrielles (charbon, chemin de fer, textile, etc.). -> Le PT est endogène, c'est-à-dire qu'il ne "tombe pas du ciel" car l'innovation est le résultat de l'action des entrepreneurs innovateurs motivés par la recherche de profit. Elle découle d'investissement dans la RetD des entreprises et des administration publiques et dans l'éducation et la formation (car des individus plus qualifiés sont plus aptes à innover). Il y a différents acteurs qui dépensent dans la RetD: les entreprises (pour mettre au point de nouveaux produits ou procédé afin d'améliorer leur compétitivité prix ou hors prix), les administrations publiques pour faire progresser les connaissances et les nombreux partenariats public ou privé autour de projets innovants. C'est le DIRD (Dépense Intérieure de Recherche et Développement) qui mesure l'ensemble des dépenses de RetD réalisées au cours d'une années dans un pays (effort de recherche). -> Le PT contribue à une croissance cumulative et auto-entretenue car le PT favorise la croissance économique (intensive), la croissance se traduit par une élévation des revenus pour les entreprises, les administrations publiques ou les ménages, cette hausse permet d'investir dans le RetD ou l'éducation et ces investissements génèrent des innovations et du PT pour les agents qui investissent mais aussi pour les autres (externalités positives). -> L'apparition en grappe d'innovations s'accompagne d'un processus de destruction créatrice. Selon Schumpeter, l'innovation révolutionne la structure économique en détruisant continuellement ses éléments vieillis et en créant continuellement des éléments neufs. En effet, il y a une apparition de nouveaux procédés de production ou de vente et une apparition de nouveaux produits, de nouvelles entreprises, de nouveaux secteurs comme celui du numérique. Ces apparitions provoquent la disparition des entreprises qui ne parviennent pas à s'adapter à la nouveauté et des anciens secteurs comme dans la photographie argentique (Kodack). IV- Les institutions -> les institutions correspondent au cadre dans lequel se déroule les activités économiques : règles formelles (droits, règlement) et informelles (traditions, coutumes) qui orientent les comportements économiques. Les droits de propriété sont des droits de disposer d'un bien ou d'un service librement, d'en retirer des revenus et de pouvoir le vendre. Ces droits sont garantis (ou non) par l'État (droit, justice, police). L'absence ou le non-respect des droits de propriété pénalise l'investissement, la production ou la création d'entreprise, donc diminue la croissance (exemple de l'entreprise minière). Un brevet est un droit de propriété sur une innovation. Il garantit à l'innovateur un monopole temporaire sur son produit ou son procédé. En l'absence de brevet, n'importe qui pourrait copier l'innovateur qui ne pourrait pas rentabiliser ses investissements en RetD. Ainsi, personne ne serait incité à faire de la recherche et il n'y aurait pas d'innovations et de croissance. Le brevet incite donc les entrepreneurs à investir dans la RetD en leur garantissant qu'ils pourront tirer profit de l'innovation (rente de monopole temporaire) et rentabiliser les dépenses engagées (exemple vaccin covid-19). V-Les défis sociaux et écologiques de la croissance économique a) le PT génère des inégalités de revenu Premièrement, l'innovation procure une rente de monopole aux entrepreneurs innovateurs ce qui leurs permettent d'avoir des revenus conséquents (par exemple Jeff Bezos, Bille Gates et Marc Zuckerberg doivent leurs richesses aux innovations telles que les commerce en ligne, l'informatique et les réseaux sociaux). Deuxièmement, le PT est biaisé en faveur des travailleurs les plus qualifiés car il provoque la hausse de la demande de travailleurs très qualifiés (donc hausse des salaires correspondants) et il rend les travailleurs les plus qualifiés encore plus productifs. Ainsi, le PT contribue à augmenter les salaires des travailleurs les plus qualifiés et à diminuer celui des travailleurs non qualifiés. Troisièmement, le PT engendre des inégalités de revenu entre territoire car les entreprises innovatrices se regroupent géographiquement afin de profiter d'effets d'agglomération, comme bénéficier d'une main d'œuvre qualifiée, d'un réseau d'entreprises et d'institutions publiques compétentes (école, universités, centre de recherche), d'infrastructures adaptées (Sillicon Valley, Paris Saclay). Les inégalités de revenu se creusent entre ces régions modernes et les régions délaissées par les producteurs et les consommateurs. b) La croissance se heurte à des limites écologiques D'une part, la CE épuise les ressources naturelles. Elle entraîne l'épuisement des ressources non renouvelables (pétrole) et renouvelable (poissons, forêts) qui pourraient faire défaut aux générations futures (car les prélèvements sont excessifs). Ensuite, les biens communs environnementaux s'épuisent irrémédiablement parce qu'ils sont non excluables et rivaux (poissons dans les océans). D'autre part, la CE génère des externalités négatives. Ces dernières correspondent aux effets négatifs que subit un agent économique du fait de l'action d'un autre agent, sans compensation monétaire. La CE génère de multiples pollutions de l'air, de l'eau et de la terre. Le marché est défaillant car il ne pousse pas les agents économiques à adopter les comportements souhaitables pour la société. Tant que l'État ne fait pas payer les pollueurs pour les dommages qu'ils occasionnent, ils ne sont pas incités à changer les façons de produire ou de consommer. Les conséquences du réchauffement climatique sont de plus en plus visibles et nuisent à des millions d'individus. On peut donc s'interroger sur la soutenabilité (durabilité) du mode de développement actuel. c) L'innovation peut permettre de reculer les limites écologiques de la CE Premièrement, l'innovation peut remédier à l'épuisement de certaines ressources naturelles et le développement des énergies renouvelables (éolienne, recyclage, aquaculture). Deuxièmement, l'innovation est un moyen de limiter les pollutions de l'eau, de l'air ou de la terre (matières plastiques biodégradables, voitures électriques, covoiturage, etc.) Troisièmement, les pouvoirs publics ont alors un rôle central à jouer (taxer des activités ou des produits polluants et en subventionnant les recherches en faveur des innovations vertes).