Définition et mesure de la croissance économique

La croissance économique correspond à l'augmentation de la production de biens et services, mesurée par l'évolution du PIB réel. Le calcul est simple : $PIB année N - PIB année N-1$ / PIB année N-1.

Le PIB représente la somme des valeurs ajoutées créées par tous les acteurs économiques (ménages, entreprises, administrations) sur un territoire pendant un an. La valeur ajoutée = chiffre d'affaires - coûts de production et salaires.

💡 Astuce : Une croissance de 2% à 3% = accélération, de 3% à 2% = ralentissement. Simple à retenir !

La croissance est un phénomène cumulatif fascinant. Même avec une croissance "faible" de 5% par an (comme pendant les Trente Glorieuses), le PIB explose littéralement : après 30 ans, il est multiplié par plus de 4 ! C'est la magie des intérêts composés appliquée à l'économie.

Historiquement, avant 1820, le niveau de vie stagnait car la croissance économique était "mangée" par la croissance démographique. Depuis, la croissance économique dépasse la croissance de la population, permettant une hausse du niveau de vie par habitant.

Les facteurs de production et leur rôle

Pour produire plus, il faut utiliser plus de facteurs de production : le travail (nombre de travailleurs, d'heures) et le capital (machines, bâtiments, équipements). Les entreprises combinent ces deux éléments selon leurs besoins.

Le capital peut être fixe (machines, bâtiments qui durent plusieurs années) ou circulant (électricité, matières premières consommées immédiatement). Les entreprises choisissent une combinaison plutôt intensive en capital (beaucoup de machines) ou intensive en travail $beaucoup de main-d'œuvre$.

💡 Point clé : Le taux d'activité $nombre d'actifs/population totale$ peut faire varier la quantité de travail disponible selon la démographie, les migrations et les comportements d'activité.

Le capital s'accumule grâce à l'investissement, mesuré par le taux d'investissement : FBCF/PIB × 100. Plus on investit, plus on dispose d'équipements pour produire, augmentant ainsi notre capacité de production maximale.

Croissance extensive vs intensive

Il existe deux types de croissance complètement différents. La croissance extensive repose sur l'accumulation des facteurs : on produit plus en utilisant plus de travailleurs et plus de machines. C'est le modèle "plus = plus".

La croissance intensive repose sur l'amélioration de la productivité globale des facteurs (PGF) : on produit plus avec la même quantité de facteurs, grâce à une meilleure efficacité. C'est le modèle "mieux = plus".

💡 Attention piège : La productivité apparente du travail peut augmenter même si l'entreprise devient moins efficace ! Si on licencie des travailleurs peu payés pour acheter des machines très chères, la productivité par travailleur augmente mais la PGF peut diminuer.

La décomposition comptable de la croissance montre qu'une partie reste inexpliquée après avoir compté la contribution du travail et du capital. Ce "résidu" correspond au progrès technique, mesurable par l'augmentation de la PGF. C'est la partie la plus mystérieuse et la plus intéressante de la croissance !

Le progrès technique et l'innovation

Le progrès technique suit un parcours fascinant : découverte (recherche fondamentale) → invention (application expérimentale) → innovation (commercialisation). Les chercheurs découvrent, les ingénieurs inventent, les entrepreneurs innovent.

Schumpeter identifie 5 types d'innovations : nouveaux produits, nouveaux procédés, nouveaux marchés, nouvelles matières premières, nouvelle organisation. Chaque innovation crée une rente de monopole temporaire pour l'innovateur, jusqu'à ce que la concurrence l'imite.

💡 Concept central : La "destruction créatrice" de Schumpeter explique que le capitalisme se renouvelle sans cesse. L'informatisation crée des emplois (développeurs, data scientists) mais en détruit d'autres (vendeurs en magasin, caissiers).

Contrairement aux peurs populaires, le progrès technique crée généralement plus d'emplois qu'il n'en détruit. Cependant, les emplois détruits et créés ne sont pas de même nature, créant des tensions sociales temporaires lors des transitions technologiques.

Le rôle des institutions

Les institutions sont les règles du jeu économique qui conditionnent les incitations des individus. Un État de droit solide favorise la croissance en protégeant les droits de propriété et en garantissant l'exécution des contrats.

Pour innover, les entreprises doivent être sûres de pouvoir bénéficier des profits de leurs investissements coûteux. C'est pourquoi les brevets créent un monopole temporaire, encourageant l'innovation tout en permettant la diffusion ultérieure des connaissances.

💡 Distinction importante : Les institutions inclusives stimulent la croissance (santé pour tous, éducation accessible), tandis que les institutions extractives la freinent (corruption, privilèges injustifiés).

L'État français finance une partie de la recherche et développement privée par des incitations fiscales. L'effort de recherche d'un pays se mesure par : dépenses R&D/PIB × 100. Plus ce ratio est élevé, plus le pays investit dans son avenir technologique.

Les défis écologiques et sociaux

Le progrès technique augmente la demande de travailleurs qualifiés (ingénieurs, développeurs) mais réduit celle de travailleurs non qualifiés. L'automatisation remplace les tâches répétitives, créant des inégalités entre qualifiés et non-qualifiés.

La croissance génère des externalités négatives : pollution, épuisement des ressources, réchauffement climatique. Ces coûts ne sont pas pris en compte par le marché, créant un décalage entre coûts privés et coûts sociaux.

💡 Enjeu majeur : Les biens communs (ressources halieutiques, eau) sont non-excluables mais rivaux, conduisant à leur surexploitation. C'est le fameux "drame des biens communs" qui menace la durabilité de la croissance.

Depuis la révolution industrielle, la croissance repose sur les énergies fossiles qui provoquent le réchauffement climatique. Les impacts varient selon les pays : montée des eaux, sécheresses, menaces agricoles. Le défi est de découpler croissance et émissions carbone.