Définition et mesure de la croissance économique

La croissance économique se définit comme l'augmentation soutenue sur le long terme du niveau de production d'une économie. Elle se mesure principalement par le taux de variation du PIB réel, c'est-à-dire corrigé de l'inflation. Le Produit Intérieur Brut (PIB) est calculé en additionnant les valeurs ajoutées de tous les producteurs sur le territoire national.

Cependant, cet indicateur comporte certaines limites. Il ne prend pas en compte la production domestique non marchande ni l'utilité sociale des activités comptabilisées. Par exemple, la production de cigarettes ou de pétrole augmente le PIB malgré leurs effets néfastes sur la santé et l'environnement.

Historiquement, la croissance économique est un phénomène relativement récent. Elle démarre véritablement avec la révolution industrielle à la fin du 18ème siècle en Angleterre. Depuis 1800, le PIB par habitant de la France a été multiplié par 20, alors qu'il était resté quasi stable durant les deux siècles précédents.

Il est important de noter que la croissance n'a pas touché toutes les régions du monde de manière égale. Cela a entraîné d'importantes inégalités de niveau de vie entre pays, malgré des phénomènes de rattrapage économique observés notamment en Chine et en Inde depuis la fin des années 1990.

Définition : Le PIB (Produit Intérieur Brut) est la somme des valeurs ajoutées produites sur un territoire donné pendant une période donnée, généralement une année.

Exemple : Entre 1700 et 1800, le PIB par habitant de la France n'a augmenté que de 0,2% par an en moyenne. En revanche, entre 1800 et 2000, il a progressé de 1,6% par an en moyenne, soit une multiplication par 20 en deux siècles.

Les sources de la croissance économique

Pour comprendre l'origine de la croissance économique, il est essentiel d'examiner les facteurs de production et l'efficacité avec laquelle ils sont combinés. Les deux principaux facteurs de production sont le travail et le capital.

Le facteur travail représente l'activité humaine rémunérée mise au service de la production de biens et services. Son augmentation peut provenir de plusieurs sources :

1. La croissance démographique, qu'elle soit due à l'accroissement naturel (comme le baby-boom de 1945) ou à l'immigration.
2. La hausse des taux d'activité, notamment féminin.
3. L'augmentation de la durée du travail, bien que celle-ci ait globalement diminué en France au cours du 20ème siècle.

Le facteur capital, quant à lui, englobe l'ensemble des moyens de production utilisés dans le processus productif. Il se divise en deux catégories :

1. Le capital fixe : les moyens de production utilisés pendant au moins un an (machines, bâtiments, etc.).
2. Le capital circulant : les moyens de production transformés ou détruits durant le processus de production (matières premières, énergie, etc.).

L'accumulation du capital, rendue possible par l'investissement, est une condition essentielle de la croissance. Dans les économies capitalistes, les entrepreneurs investissent pour produire des marchandises, dégager des profits, puis réinvestir ces profits pour accroître encore leur production et leurs bénéfices.

Vocabulaire : La Formation Brute de Capital Fixe (FBCF) est l'indicateur utilisé en comptabilité nationale pour mesurer l'investissement brut, c'est-à-dire sans tenir compte de la dépréciation du capital.

Highlight : L'accumulation du capital et du travail sont les deux conditions fondamentales de la croissance économique. L'investissement joue un rôle moteur dans ce processus d'accumulation et donc dans la croissance.

Les limites de la croissance économique

Malgré l'importance des facteurs de production dans la croissance économique, il existe des limites à leur efficacité, notamment le phénomène des rendements décroissants. Ce concept signifie que plus on augmente la quantité d'un facteur de production, lorsque l'autre reste constant, moins l'augmentation du volume de production est importante.

Au 19ème siècle, le facteur de production principal était la terre. Ainsi, si le volume de terre exploitée augmentait, la production augmentait aussi, mais de moins en moins vite car les terres les plus fertiles étaient exploitées en premier. Ce phénomène s'applique également aux autres facteurs de production.

Les rendements décroissants posent un défi majeur pour la croissance économique à long terme. En effet, ils impliquent que la simple accumulation des facteurs de production ne suffit pas à maintenir une croissance soutenue indéfiniment. C'est pourquoi d'autres sources de croissance, comme le progrès technique et l'innovation, sont cruciales pour surmonter cette limite.

Par ailleurs, la croissance économique fait face à d'autres défis importants :

1. Les limites environnementales : l'exploitation intensive des ressources naturelles et la pollution générée par la production posent des problèmes de durabilité.

2. Les inégalités : la croissance ne bénéficie pas toujours de manière équitable à l'ensemble de la population, ce qui peut créer des tensions sociales.

3. La nécessité d'une croissance plus qualitative : au-delà de l'augmentation quantitative de la production, il devient important de considérer la qualité de la croissance en termes de bien-être social et environnemental.

Définition : Les rendements décroissants désignent la diminution de l'efficacité marginale d'un facteur de production lorsque sa quantité augmente, les autres facteurs restant constants.

Exemple : Dans l'agriculture, doubler la quantité d'engrais utilisée ne double pas nécessairement le rendement des cultures. Au-delà d'un certain seuil, l'apport supplémentaire d'engrais a un effet de plus en plus faible sur la production.

Les défis actuels de la croissance économique

La croissance économique fait face aujourd'hui à plusieurs défis majeurs qui remettent en question son modèle traditionnel et appellent à repenser ses modalités.

1. Le défi environnemental : La croissance basée sur l'exploitation intensive des ressources naturelles et l'émission de polluants n'est plus soutenable à long terme. Le changement climatique, la perte de biodiversité et l'épuisement des ressources non renouvelables imposent de repenser notre modèle de croissance vers une économie plus verte et circulaire.

2. Le défi des inégalités : La croissance ne bénéficie pas toujours équitablement à l'ensemble de la population. Les inégalités croissantes entre pays et au sein des pays posent des problèmes de cohésion sociale et de stabilité économique.

3. Le défi de la qualité de la croissance : Au-delà de la simple augmentation du PIB, il devient crucial de considérer la qualité de la croissance en termes de bien-être social, de santé publique et de préservation de l'environnement.

4. Le défi de l'innovation : Dans un contexte de mondialisation et de concurrence accrue, l'innovation reste un enjeu crucial pour maintenir la compétitivité et stimuler la croissance.

5. Le défi démographique : Le vieillissement de la population dans de nombreux pays développés pose des questions sur la soutenabilité des systèmes de protection sociale et sur la dynamique future de la croissance.

Face à ces défis, de nouveaux concepts émergent, comme celui de croissance inclusive qui vise à concilier croissance économique, réduction des inégalités et préservation de l'environnement. De même, l'idée de croissance qualitative gagne du terrain, mettant l'accent sur l'amélioration du bien-être plutôt que sur la seule augmentation quantitative de la production.

Définition : La croissance inclusive est un modèle de croissance économique qui vise à créer des opportunités pour tous les segments de la population et à distribuer équitablement les dividendes de la prospérité accrue, tant en termes monétaires que non monétaires.

Exemple : Le concept d'économie circulaire, qui vise à limiter le gaspillage des ressources et l'impact environnemental en augmentant l'efficacité à tous les stades de l'économie des produits, est un exemple de réponse aux défis actuels de la croissance économique.