L'enfant qu'elle était : entre nature et culture
Quelque chose de fascinant se produit ici : Colette parle d'elle-même à la troisième personne ("une enfant très aimée"). Cette distance lui permet de devenir le personnage de sa propre histoire, comme si elle regardait cette petite fille de l'extérieur avec tendresse.
La syntaxe devient volontairement bancale - trois relatives sans principale qui imitent le langage spontané d'un enfant. Ces souvenirs surgissent en vrac, dans le désordre de la mémoire. La polysyndète (répétition du "et") crée une énumération qui mélange tout : les moments simples et les grandes occasions.
Colette met en lumière les deux influences qui l'ont construite : les "arbres" (la nature transmise par sa mère) et les "livres" (la culture de son père). Son enfance oscille entre paganisme et traditions chrétiennes, entre superstitions campagnardes et fêtes religieuses.
Le champ lexical végétal domine : "syringas", "aconits", "roses"... Même dans les fêtes religieuses, c'est la beauté des fleurs et des jardins que retient la petite fille. L'énumération finale mélange chronologie religieuse et plaisirs sensoriels, montrant comment l'enfant réinvente le monde à sa façon.
🌸 Point culture : Les fêtes mentionnées Pa^ques,Fe^te−Dieu,Ascension rythmaient la vie rurale du XIXe siècle - elles structuraient l'année autant que les saisons.