Le sonnet modernisé de Jacques Roubaud
Jacques Roubaud, poète et mathématicien du XXe siècle, appartient au groupe de recherche Oulipo qui cherche à explorer de nouvelles possibilités de la langue française. Son poème "À la Tour Eiffel" s'inscrit dans un recueil évoquant ses promenades parisiennes, nourries de références à d'autres poètes.
Dès le premier vers "Tour Eiffel cesse de me dévisager comme ça", Roubaud établit un rapport direct et presque conflictuel avec le monument. Il annonce clairement son intention d'offrir "un sonnet en vers de quatorze syllabes", signalant immédiatement sa volonté de transformer les règles classiques du genre.
Le poème compare la Tour à un crabe, évoque sa couleur "drab" (terme anglais signifiant terne), et poursuit avec des descriptions peu flatteuses. Cette approche démystifie l'icône parisienne et la ramène à une présence presque ordinaire, mais inquiétante dans le paysage urbain.
À retenir ! Le poème de Roubaud est une parfaite illustration de l'esprit oulipien : il respecte certaines contraintes formelles (le sonnet) tout en les subvertissant délibérément pour créer de nouvelles possibilités poétiques.