Des analogies éclairantes
Rabelais utilise deux analogies principales pour guider la lecture de son œuvre. La première compare le livre à une bouteille qui contient un « breuvage divin » produisant une « ivresse de l'esprit ». Il interpelle familièrement le lecteur (« Canaille, va ! ») pour le pousser à chercher cette ivresse intellectuelle.
La seconde analogie, plus développée, concerne le chien et l'os. S'appuyant sur Platon, Rabelais qualifie le chien de « bête la plus philosophe », créant un oxymore frappant. Cette comparaison n'est pas péjorative mais valorisante le chien, comme le bon lecteur, fait preuve de discernement et d'attention.
La description du chien s'anime par une série d'anaphores et d'exclamations qui créent un rythme captivant « Qui le pousse à cela ? ». Le texte déploie tout un champ lexical des vertus intellectuelles « dévotion », « ferveur », « prudence », « zèle ». Ces qualités sont précisément celles que Rabelais attend de son lecteur.
L'analogie atteint son sommet quand Rabelais évoque la « moelle » cachée dans l'os que le chien s'efforce d'extraire. Cette substantifique moelle représente la connaissance précieuse dissimulée derrière l'apparence rude du texte, promettant au lecteur persévérant un plaisir intellectuel incomparable.