Le renversement des rôles et la satire médicale
Toinette poursuit sa démonstration en interrogeant Argan sur des signes évidents de bonne santé: "Vous avez appétit?", "Vous aimez à boire un peu de vin?", "Il vous prend un petit sommeil après le repas?". À chaque "Oui, Monsieur" d'Argan, elle répond imperturbablement: "Le poumon".
L'habileté de Toinette est remarquable: elle connaît parfaitement son maître et choisit des questions auxquelles il ne peut que répondre affirmativement. Le lexique du plaisir ("vous aimez", "vous êtes bien aise") et de la consommation ("appétit", "manger", "boire", "vin") qu'elle utilise souligne la contradiction entre le comportement d'un homme en bonne santé et celui d'un prétendu malade.
Son triomphe culmine avec la répétition insistante: "Le poumon, le poumon, vous dis-je". Le comique vient précisément de l'absence totale de lien logique entre les symptômes de bonne santé énumérés et sa conclusion médicale absurde.
La critique de Monsieur Purgon atteint son paroxysme quand Toinette réagit au régime alimentaire prescrit. À chaque aliment ordinaire mentionné par Argan ("potage", "volaille", "veau", "bouillons", "œufs frais"), elle répond systématiquement par l'insulte: "Ignorant".
⚠️ Attention: Dans l'analyse du "Malade imaginaire acte 3 scène 10", ne confondez pas la critique des médecins avec une critique de la médecine elle-même. Molière s'attaque aux charlatans et à l'obscurantisme, pas à la science médicale!
Le comique de répétition avec le mot "ignorant" renforce l'idée que les médecins de l'époque suivaient des protocoles mécaniques sans réelle connaissance. Cette scène fait écho à la problématique centrale de la pièce: la confiance aveugle dans une médecine dogmatique plutôt que dans l'observation rationnelle.