Le brutal retour à la réalité
La conjonction "Mais" marque le retour à la réalité avec une brutalité sonore : la toux de l'enfant et les ronflements de Bovary. Ces sons discordants s'opposent radicalement aux harmonies musicales de la rêverie (guitares, cloches).
Le réveil est d'autant plus cruel qu'il rappelle à Emma ses rôles de mère et d'épouse, statuts dont elle cherche justement à s'échapper. Son mari n'est plus désigné que par son nom de famille, "Bovary", soulignant la distance émotionnelle qui les sépare.
L'aube qui "blanchissait les carreaux" symbolise le retour inévitable à la réalité provinciale. La lumière blafarde du matin contraste avec les couleurs chaudes et vives des pays exotiques imaginés. Emma, complètement désynchronisée, ne trouve le sommeil qu'au moment où la ville s'éveille, incarnant son inadaptation sociale.
La mention finale de "la pharmacie" où travaille Justin fonctionne comme une préfiguration tragique de la fin du roman, où Emma se suicidera en avalant de l'arsenic obtenu dans cette même pharmacie. Ce détail illustre le génie narratif de Flaubert qui tisse subtilement le destin funeste de son héroïne.
Réflexion : L'incapacité d'Emma à trouver satisfaction dans sa vie réelle la condamne à un cycle sans fin de rêverie et de désillusion. N'est-ce pas là le drame fondamental du bovarysme ?