Un antidote offert aux lecteurs
Ce qui fait la force de l'œuvre de Colette, c'est que cette célébration du monde devient aussi un antidote pour ses lecteurs. Son écriture poétique et lyrique enchante le réel et produit une prose musicale qui nous charme par sa beauté.
Dans "Nuit blanche", les anaphores "tu m'as donné" célèbrent les dons de la femme aimée dans un chant digne du Cantique des cantiques. Ses expressions comme "le chant bondissant des frelons fourrés de velours" créent des synesthésies qui sollicitent tous nos sens. Les points de suspension et les tirets nous invitent à la rêverie : "- Fleurs impérissables effeuillées en pétales de nacre rose, ô coquillages...".
Plus qu'une simple lecture, Colette nous offre un art de vivre, une façon d'être au monde qui valorise l'appréhension sensuelle de l'existence : "un de mes grands plaisirs, c'est la découverte .... J'écoute, mais surtout je regarde". Cette "connivence avec le premier souffle accouru, le premier oiseau, le soleil encore ovale" représente pour elle la clé du bonheur, rejoignant ainsi Albert Camus dans sa "science de vivre".
À méditer : Colette nous enseigne que célébrer le monde peut être le "suprême apaisement face aux angoisses existentielles". Sa philosophie reste extraordinairement actuelle dans notre monde anxiogène.