L'absurdité de la guerre et l'oubli des soldats
Lola incarne la morale patriotique conventionnelle en affirmant qu'"il est impossible de refuser la guerre" et que seuls "les fous et les lâches" le font. Bardamu retourne cette accusation à son avantage en s'exclamant "Alors vivent les fous et les lâches !", suggérant que seuls ceux qui refusent la guerre ont une chance de survivre.
Le cœur de l'argumentation de Bardamu repose sur l'oubli inévitable des sacrifices. Par une série de questions rhétoriques percutantes, il demande à Lola si elle se souvient d'un seul nom de soldat mort cent ans auparavant. Il utilise des comparaisons volontairement choquantes, assimilant les soldats morts à "la dernière crotte du matin" ou au "dernier atome de ce presse-papier", pour démontrer l'absurdité de mourir pour une cause qui sera oubliée.
La guerre actuelle, malgré son importance présente, tombera elle aussi dans l'oubli comme la Guerre de Cent Ans. Bardamu emploie une gradation frappante ("quelques siècles, quelques années, et même quelques heures") pour souligner la rapidité avec laquelle l'intérêt pour la guerre s'évanouit. Sa conclusion pessimiste "je ne crois pas en l'avenir Lola" révèle un homme désabusé.
💡 Ce passage illustre parfaitement le conflit entre l'individu et la société dans le parcours "Individu, morale et société" : Bardamu rejette les valeurs collectives qu'il juge absurdes au profit d'une éthique personnelle basée sur la valeur de la vie.