Analyse du deuxième mouvement : Une forme perverse de compassion
Dans cette partie, nous examinons comment le discours de Suzanne évolue vers une forme de compassion ambiguë envers Louis dans Juste la fin du monde.
Le renversement du discours est marqué par l'utilisation répétée de "mais aussi", introduisant une prise en compte de la situation difficile de Louis. On observe un effacement de la première personne au profit de la deuxième personne, signalant ce changement de perspective.
Highlight: L'utilisation du polyptote "doit, dût, doit" et la modalisation temporelle "parfois" permettent à Suzanne de poser l'hypothèse que Louis a également souffert de cette distance, sans toutefois l'affirmer catégoriquement.
Le rythme ternaire "ce ne doit pas, ça n'as pas dû, ce ne doit pas être bien pour toi non plus" et l'épanorthose (modification des temps verbaux) soulignent la persistance de cette difficulté dans le temps.
Example: "Tu as dû souffrir aussi, parfois, de ton éloignement"
L'anaphore "tu as dû" répétée quatre fois développe l'hypothèse posée par Suzanne en quatre temps, révélant sa difficulté à arriver à la fin de son discours, renforcée par l'utilisation de la parataxe.
Quote: "Même si tu ne l'avoues pas, jamais, même si tu ne devais jamais l'avouer"
Ce parallélisme de construction, associé à la répétition du verbe "avouer" et à l'hyperbole "jamais", exprime les doutes de Suzanne sur la capacité de Louis à reconnaître ses torts.
La récurrence des tournures négatives, notamment devant les verbes de pensée ou de parole (croire, avouer, dire, faire sentir), traduit la difficulté des protagonistes à exprimer directement leurs idées.
Vocabulary: Épanorthose - Figure de style consistant à revenir sur ce qu'on a dit pour le renforcer, le nuancer ou le rétracter.
L'épanorthose autour des termes "habilement", "habile", "habileté" montre comment Suzanne corrige sans cesse son propre discours, qui peine à progresser.
Cette analyse du monologue de Suzanne dans Juste la fin du monde révèle ainsi toute l'ambiguïté de ses sentiments envers Louis, oscillant entre reproche et compassion, dans une tentative complexe de communication familiale.