Le Sonnet : Structure et Évolution
Tu connais sûrement des poèmes célèbres sans savoir qu'ils étaient des sonnets ! Cette forme poétique arrive en France en 1536 grâce à Clément Marot, qui s'inspire du poète italien Pétrarque.
Un sonnet se compose toujours de 14 vers répartis en deux parties : deux quatrains (strophes de 4 vers) suivis de deux tercets (strophes de 3 vers). Au début, les sonnets utilisaient des décasyllabes, mais à partir de 1555, ils sont écrits en alexandrins - ces vers de 12 syllabes qu'on appelle aussi "vers héroïques".
Les rimes suivent un schéma très précis. Dans les quatrains, elles sont embrassées et identiques ABBA−ABBA. Pour les tercets, le schéma le plus courant est CCD-EED, qu'on appelle le "sonnet régulier". Les rimes féminines et masculines doivent s'alterner.
À retenir : La brièveté fait la force du sonnet - en seulement 14 vers, le poète doit exprimer une idée complète et frappante !
Le sonnet suit une logique interne très claire. Les deux quatrains forment une unité thématique et rythmique - ils posent le sujet ou la question. Le 9e vers marque une charnière, une rupture qui introduit les tercets. Ces six derniers vers (qu'on appelle le "sizain final") apportent la réponse, la synthèse ou l'explication. Le dernier vers est crucial : c'est le "point d'orgue" qui contient souvent une pointe finale, un trait d'esprit paradoxal ou une sentence mémorable.
Cette forme a connu des hauts et bas dans l'histoire littéraire. Très prisée aux XVIe et XVIIe siècles, elle tombe en désuétude au XVIIIe car les philosophes des Lumières délaissent la poésie. Elle renaît au XIXe avec les Romantiques, puis les Parnassiens et Symbolistes. Au XXe siècle, le sonnet coexiste avec des formes plus libres comme la prose poétique et les vers libres.