L'autocritique de l'âne et la morale
Le troisième mouvement de la fable se concentre sur l'autocritique de l'âne et la morale qui en découle. L'âne, symbole de la naïveté et de la classe populaire dans les fables classiques de Louis XIV, fait une confession sincère mais maladroite.
L'âne avoue avoir brouté "la largeur de [sa] langue" dans un pré appartenant à des moines. Il aggrave naïvement son cas en mentionnant l'influence du diable, soulignant ainsi son honnêteté mais aussi sa simplicité d'esprit.
Quote: "Je tondis de ce pré la largeur de ma langue" (vers 53)
La Fontaine insiste sur la culpabilité de l'âne, notamment en soulignant qu'il s'agissait de terres d'Église. Cette insistance prépare la condamnation injuste qui va suivre.
Highlight: Le loup, décrit comme "quelque peu clerc", joue le rôle d'accusateur, prouvant qu'il faut "dévouer ce maudit animal". Cette intervention souligne la manipulation de la justice par les puissants.
La réaction du public est immédiate et violente : "A ces mots on cria haro sur le baudet" (vers 55). Cette condamnation unanime de l'âne pour un crime mineur, alors que les crimes bien plus graves des carnivores ont été pardonnés, illustre parfaitement l'injustice sociale dénoncée par La Fontaine.
Definition: Haro - Cri poussé pour signaler un méfait et appeler à l'aide pour arrêter le coupable.
Cette conclusion de la fable démontre comment le symbolisme des fables de La Fontaine permet une critique acerbe de la société, où les puissants échappent à la justice tandis que les faibles sont punis sévèrement pour des fautes mineures. C'est une parfaite illustration de l'analyse fable et justice sociale que propose La Fontaine dans ses œuvres.