La poésie des déchets quotidiens
Queneau donne vie aux objets abandonnés par une série de procédés stylistiques ingénieux. L'énumération "sans yeux, sans bras, sans nez" pour décrire une poupée évoque la Vénus de Milo, transformant ce jouet cassé en référence artistique. De même, les personnifications comme "la boîte de sardines qui a perdu en chemin toutes ses sardines" confèrent aux déchets une histoire et une âme.
Le rythme du poème s'accélère grâce à des allitérations en p et s qui miment le mouvement des objets compressés. La juxtaposition sans virgule "l'os l'arrête le coton hydrophile" illustre la diversité des déchets tout en créant un contraste entre matières dures et douces. Ces techniques stylistiques transforment l'ordinaire en extraordinaire.
L'expression "oui le choix est difficile" souligne l'abondance des possibilités qui s'offrent au poète-chiffonnier. La personnification des poubelles qui "bâillent au soleil de midi" les présente comme des coffres au trésor entrouverts, "pleines de choses bonnes à cueillir". Cette métaphore végétale suggère que ces déchets peuvent nourrir l'esprit créatif.
🔍 Pour Queneau, le véritable talent du poète est de savoir regarder différemment ce que les autres ignorent – c'est "celui qui sait" qui peut découvrir l'art dans les rebuts.