L'évolution de la notion d'environnement
L'Homme a toujours transformé son environnement pour exploiter les ressources agricoles et minières. Mais notre compréhension de ce concept a considérablement évolué au fil du temps.
Au XIXe siècle, des précurseurs comme Elisée Reclus proposent une approche révolutionnaire en affirmant que "l'homme doit vivre en harmonie avec la nature" (1858). Il introduit l'idée d'une influence mutuelle entre l'homme et son milieu, s'opposant au déterminisme dominant. Paul Vidal De La Blache, fondateur de l'école française de géographie, redonne au terme "environnement" ses lettres de noblesse dans son ouvrage "Principe de géographie" (1921).
Un tournant décisif s'opère dans les années 1970, catalysé par des catastrophes comme le naufrage de l'Amoco Cadiz et Tchernobyl, mais aussi par la médiatisation des mouvements écologistes. Le Sommet de la Terre de Stockholm en 1972 et le rapport Meadows "Halte à la croissance" pointent du doigt l'action anthropique, créant une véritable prise de conscience mondiale.
La géographe Yvette Veyret propose une définition moderne qui fait référence : l'environnement s'intéresse aux relations entre les sociétés humaines et leur milieu, ainsi qu'à la façon dont les sociétés utilisent les ressources pour se développer.
L'environnement comme concept social, économique et politique
La notion d'environnement prend une dimension sociale et politique dès les années 70. Le Club de Rome commande le rapport Meadows pour alerter sur les conséquences apocalyptiques des politiques économiques productivistes. La littérature et le cinéma sensibilisent l'opinion publique à ces enjeux.
La politisation du sujet s'accélère avec la création du premier ministère de l'environnement en France en 1971 et la candidature de René Dumont, premier candidat écologiste aux présidentielles françaises en 1974. Son alerte "Nous allons à l'effondrement total de notre planète" marque les esprits et fait de l'environnement un objet de lutte politique.
L'institutionnalisation se poursuit tant au niveau national qu'international. En France, le ministère de l'environnement évolue jusqu'au ministère de la transition écologique en 2020. À l'échelle mondiale, des sommets majeurs jalonnent cette prise de conscience : Stockholm (1972), le rapport Brundtland (1987) introduisant le développement durable, les Sommets de Rio (1992) et Johannesburg (1997), jusqu'à la création des COP annuelles pour vérifier l'application des conventions environnementales.
Les précurseurs de l'histoire environnementale
Les États-Unis ont été pionniers dans ce domaine avec Roderick Nash qui a travaillé sur la notion de "wildness" (1976) et contribué à créer cette sous-discipline à forte dimension politique.
En France, Emmanuel Leroy-Ladurie fait figure de précurseur avec sa thèse "Histoire du climat depuis l'an Mil" (1967), expliquant que le climat fonctionne de façon cyclique et ouvrant la voie à une approche historique des questions environnementales.