Définir et mesurer le chômage

Contrairement à ce qu'on pourrait croire, mesurer le chômage n'est pas si simple ! Selon l'INSEE, un chômeur doit remplir trois conditions : avoir plus de 15 ans, ne pas avoir travaillé la semaine de référence, être disponible sous 15 jours ET rechercher activement un emploi.

Le taux de chômage (nombre de chômeurs ÷ population active × 100) ne suffit pas pour évaluer la situation de l'emploi. Il faut aussi regarder le taux d'emploi qui montre le pourcentage de personnes qui travaillent réellement dans la population en âge de travailler.

Attention aux situations qui échappent aux statistiques ! Le sous-emploi concerne les personnes en temps partiel subi, tandis que le halo du chômage regroupe ceux qui voudraient travailler mais ne sont pas disponibles immédiatement. Ces "zones grises" montrent que la réalité du chômage est plus complexe que les chiffres officiels.

À retenir : En France, environ 65% des personnes en âge de travailler ont un emploi, tandis que 7% de la population active est au chômage.

Les défaillances du marché du travail

Quand le marché du travail ne fonctionne pas parfaitement, on parle de défaillances du marché. Ces problèmes créent le chômage structurel, lié aux structures mêmes de l'économie qui empêchent la rencontre entre offre et demande de travail.

L'appariement désigne cette rencontre entre employeurs et chercheurs d'emploi. Trois problèmes majeurs compliquent cet appariement : les inadéquations spatiales (emplois et chômeurs pas dans les mêmes régions), les inadéquations de qualifications (compétences qui ne correspondent pas aux besoins) et les frictions (temps nécessaire pour que l'information circule).

La courbe de Beveridge illustre parfaitement cette relation : plus il y a d'emplois vacants, moins il y a de chômage. Quand cette courbe se déplace vers le haut, cela signifie que les problèmes d'appariement s'aggravent.

Bon à savoir : Le taux de chômage varie énormément selon les régions - 24,5% à La Réunion contre 7% à Paris !

Les asymétries d'information et le salaire d'efficience

Sur le marché du travail, tout le monde ne dispose pas des mêmes informations ! Les asymétries d'information créent deux problèmes majeurs pour les employeurs.

D'abord la sélection adverse : comment l'employeur peut-il savoir si un candidat sera vraiment productif avant de l'embaucher ? Ensuite l'aléa moral : une fois embauchés, les salariés vont-ils vraiment fournir tous les efforts attendus ?

Pour résoudre ces problèmes, les entreprises proposent souvent un salaire d'efficience, c'est-à-dire un salaire supérieur au salaire d'équilibre du marché. Cette stratégie permet d'attirer les meilleurs candidats et de motiver les salariés à bien travailler.

Cependant, ces salaires plus élevés ont un effet pervers : ils augmentent le chômage des travailleurs moins qualifiés qui ne peuvent pas justifier ces salaires élevés par leur productivité.

Astuce : Pense aux entreprises comme Google ou Apple qui proposent des salaires très attractifs - c'est du salaire d'efficience en action !

L'impact des institutions sur le chômage

Le SMIC et les règles de protection de l'emploi créent des rigidités sur le marché du travail. Ces institutions ont des effets contradictoires qu'il faut bien comprendre.

Le SMIC, créé en 1970, protège les salariés de la pauvreté et garantit leur pouvoir d'achat. Mais quand il dépasse la productivité marginale de certains travailleurs, les entreprises préfèrent ne pas les embaucher. L'étude de Pierre Cahuc montre qu'une hausse de 10% du SMIC détruit environ 280 000 emplois !

Les règles de protection de l'emploi fonctionnent selon la même logique. Côté positif : elles sécurisent les salariés et les incitent à se former. Côté négatif : elles découragent les employeurs d'embaucher car licencier devient trop coûteux et compliqué.

L'OCDE évalue ces rigidités selon trois critères : réglementation des licenciements individuels, collectifs, et des contrats temporaires.

Point clé : Ces institutions créent un dilemme entre protection des salariés et flexibilité pour les entreprises.

Le chômage conjoncturel et les crises

Contrairement au chômage structurel, le chômage conjoncturel résulte des fluctuations économiques temporaires. La crise de 2008 illustre parfaitement ce mécanisme.

Lors de cette crise, la méfiance des banques a réduit les crédits, les ménages ont diminué leurs dépenses, et les entreprises ont baissé leur production. Cette spirale négative a créé massivement du chômage en peu de temps.

Les chocs d'offre et de demande peuvent déclencher ces crises. Le choc pétrolier de 1973 combine les deux : hausse des coûts de production (choc d'offre) ET baisse de la consommation des ménages face à la hausse des prix (choc de demande).

Les politiques de rigueur aggravent souvent le chômage conjoncturel : taux d'intérêt élevés → moins d'emprunts → baisse de la consommation et de l'investissement → hausse du chômage.

Exemple concret : Pendant la crise de 2008, le chômage en France est passé de 7% à plus de 10% en quelques années seulement.

Les politiques keynésiennes de relance

Pour lutter contre le chômage conjoncturel, John Maynard Keynes préconise l'intervention massive de l'État. Sa philosophie : quand la demande s'effondre, l'État doit prendre le relais pour relancer l'économie.

Les politiques budgétaires expansionnistes augmentent les dépenses publiques et baissent les impôts pour soutenir le pouvoir d'achat. Les politiques monétaires baissent les taux d'intérêt pour encourager l'emprunt et l'investissement.

Le New Deal de Roosevelt en 1936 illustre cette approche : investissements publics massifs dans les infrastructures pour créer des emplois. Durant les Trente Glorieuses, ces politiques ont montré leur efficacité.

Mais attention aux effets pervers ! Ces politiques peuvent créer de l'inflation et creuser les déficits publics. L'échec de la relance de 1981 en France a marqué la fin de l'ère keynésienne "pure".

À retenir : Les politiques keynésiennes fonctionnent bien à court terme mais peuvent créer des déséquilibres à long terme.

Lutter contre le chômage structurel

Pour le chômage structurel, les solutions sont différentes. L'allègement du coût du travail, notamment par la baisse des cotisations sociales, vise à rendre l'embauche plus attractive pour les entreprises.

Cette politique a deux effets : l'effet de substitution (les travailleurs peu qualifiés deviennent moins chers) et l'effet de volume (baisse des coûts → plus de marges → plus de recrutements).

Les politiques de formation se divisent en deux catégories. Les politiques passives indemnisent sans contrepartie, tandis que les politiques actives conditionnent les aides à des formations ou à une recherche active d'emploi. Ces dernières sont plus efficaces pour réduire durablement le chômage.

Un rapport de l'UE de 2019 confirme que les entreprises investissant le plus dans la formation obtiennent les meilleurs résultats en termes d'emploi.

Stratégie gagnante : Combiner baisse des charges sur les bas salaires et formation intensive des chômeurs.

La flexibilisation du marché du travail

La flexibilisation vise à réduire les rigidités pour permettre une meilleure adaptation entre offre et demande de travail. Elle prend plusieurs formes que tu dois bien distinguer.

La flexibilité quantitative externe permet de faire varier les effectifs (CDD, licenciements), tandis que la flexibilité qualitative externe utilise l'intérim. La flexibilité interne adapte les horaires ou polyvalence des salariés sans changer les effectifs.

La flexibilité salariale ajuste les rémunérations à la productivité. Les ordonnances Macron illustrent cette approche en simplifiant les procédures de licenciement pour encourager l'embauche.

Le modèle de flexisécurité des pays nordiques combine flexibilité pour les entreprises et sécurité renforcée pour les salariés : indemnisation généreuse mais formation et recherche d'emploi obligatoires. Ce système fonctionne bien quand la croissance est forte, mais peut poser problème en période de croissance faible prolongée.

Modèle à suivre : Les pays nordiques ont réussi à concilier faible chômage et protection sociale grâce à la flexisécurité.